Berger Belge : 22, v’là le Malinois!
Groupe : 1, section 1 « chiens de Berger avec épreuves de travail »
Nombre d’inscrits au LOF en 2015 : 9852 pour la race « Berger Belge », le Malinois se trouvant être la variété en tête
Particularité : étoile montante
Réservé à : Maîtres expérimentés.
Le Malinois est en fait une variété de la race Berger Belge. Parmi ces variétés, j’ai nommé : Berger Belge Tervueren, Berger Belge Groenendael, Berger Belge Laekenois et notre variété mise à l’honneur car la plus répandue ces derniers temps, le Berger Belge Malinois.
S’ils paraissent bien différents les uns des autres, Groenendael, Tervueren, Laekenois et Malinois ne sont en fait qu’un seul et même chien, le Berger Belge, dont le standard officiel décline la race en trois type de robe distincts. Ces variétés seront divisées selon le type de poil et la couleur de la robe qu’elles possèdent.
–Le Tervueren possède le poil long, sur l’ensemble du corps, formant ainsi une belle culotte au niveau de l’arrière des cuisses et une belle queue en panache. Sa robe est fauve-charbonnée comme le Malinois ou gris-charbonnée. Il doit porter un masque noir bien prononcé.
–Le Groenendael – comme le Tervueren – a le poil long et la même queue en panache, et sa robe est complétement noire.
–Le Laekenois – le plus rare (presque oublié) – des Bergers Belges et probablement pour la raison qui suit, a le poil dur. C’est un poil rêche, ébouriffé qui semble moins plaire à tort, car c’est un poil sans entretien. Sa queue ne forme pas de panache et sa robe et fauve, avec quelques touches de charbonné. Il ne porte pas le masque noir.
–Le Malinois lui, porte le poil court – donc facile d’entretien quoi que sa mue soit importante, mais porte quelques franges sur l’arrière des cuisses. Sa queue n’est pas portée en panache mais « épiée ». Sa robe est obligatoirement fauve-charbonnée avec un masque noir.
S’ils paraissent bien différents les uns des autres, Groenendael, Tervueren, Laekenois et Malinois ne sont en fait qu’un seul et même chien, le Berger Belge.
A l’origine, le Berger Belge – dont les variétés, aspects et couleurs étaient nombreuses – est une spécialité régionale (non non, nous ne parlons pas gastronomie) utilisée, comme son groupe nous l’indique, pour la conduite des troupeaux. Ce n’est que vers la fin du XIXème siècle que l’on réorienta le Berger Belge vers des fonctions de défense.
Le Malinois comme on le connais aujourd’hui a mis – comme toute race – du temps avant de prendre forme. Pour un tour d’horizon rapide, le 1er club de race Berger Belge se forma en 1891, et la reconnaissance du type à poil court fauve charbonné en 1909. C’est à cette date que Berger Belge poil court fauve charbonné pris le nom de « Malinois ».
Malinois fraîchement nommé continue son bonhomme de chemin et c’est grâce au Ring (discipline sportive avec épreuves de sauts, obéissance et défense) – et aux passionnés – que son existence fût réellement révélée. En 1969, le premier Malinois remporte le championnat de France de cette discipline, et dès lors, la « population Malinoise » ne cesse d’augmenter auprès des amateurs de concours, sûrs des aptitudes hors pairs de ce chien si particulier.
Aujourd’hui, le Malinois a pris la place du Berger Allemand dans les fonctions de chiens policiers et d’auxiliaires de l’armée. Il est toujours aussi fréquemment adopté par les mordus de mordant et autres sports de défense.
Comme nous l’avions abordé dans « Mythe et réalité sur le choix d’une race, ou comment biologie et activité sont trop souvent oublié » – article vers lequel je vous renvoie régulièrement, et pour cause – l’histoire et l’utilisation du Malinois vous donnent plus que de précieux indices, un réel descriptif de ce qu’est et ce vers quoi tend notre ami Malinois.
C’est grâce à ses aptitudes au RING, que l’existence du Malinois fût réellement révélée
Même si cette race – assez récente – ne fait l’objet d’études que depuis très peu de temps, nous savons et avons vu que de nombreux comportements font l’objet d’une certaine héritabilité.
- Le chien de berger doit être éveillé, fort attentif, doté d’une certaine capacité d’initiative. On sélectionnera des personnalités intuitives et vives.
- Le chien de défense doit être stable, courageux et déterminé, endurant et obéissant. On sélectionnera des caractères forts, dans l’action.
Tous deux doivent être particulièrement attachés à leur humain, et à leur foyer.
Pour ses atouts de berger, ses atouts de chien de défense, et comme tout chien d’utilité, le Malinois n’est certainement pas fait – dans son AdN – pour se prélasser sur un canapé.
Pour répondre à ses aptitudes, son humain doit être compétent, actif, particulièrement rigoureux dans l’éducation qui se doit d’être réalisée sans aucune violence. Le Malinois est un chien intelligent qui ne demande qu’à apprendre. Il saura rendre fier l’humain qui se place en bon guide, se montrant fiable, répondant à ses besoins, et apte à mener ce chien au top de ses qualités.
Nous l’avions abordé dans la fiche de son cousin « Berger Allemand, star du travail », les qualités recherchées chez un chien de garde (courageux, réactif, exclusif) sont en complète opposition à celles recherchées chez le chien de famille (souple et adaptable, très peu réactif, patient et avenant).
Bien entendu, tout cela n’exclut pas le fait que de nombreux Bergers Belges dont Malinois, Bergers Allemands ou autres chiens de garde se révèlent être chaque jours des compagnons incroyables dans des milliers de foyers au travers le monde! Mais des milliers d’autres vivent en dissonance avec leur nature profonde.
De récentes études ont mis en évidence bon nombres de marqueurs génétiques de traits comportementaux en fonction des races. Le travail de sélection des éleveurs, qui tend (normalement) à répondre aux besoins des humains, met en avant des traits comportementaux spécifiques et dans le cas du Malinois, la demande va alors aux aptitudes pour la défense. Impulsivité, réactivité, rapidité… sont des caractéristiques de Malinois. A vous d’en faire des atouts … ou d’affreux défauts.
D’autres études ont démontré que le Malinois possède, comparativement aux autres races et y compris du Berger Allemand, plus de dopamine que les autres. La dopamine est un neurotransmetteur (composés chimiques libérés par les neurones permettant la transmission de messages) que l’on pourrait associer, pour simplifier, aux comportements d’agressions. Ce phénomène est bien sûr, très certainement associé à ce fameux travail de sélection.
Les qualités recherchées chez un chien de défense sont en complète opposition avec celles recherchées chez le chien de famille
Or, quand bien même des tests génétiques – peu ou pas fait du reste – permettraient de « faire le tri », il est évident que si vous souhaitez faire du Malinois un chien de famille, vous vous mettez, autant que lui, dans une situation peu propice !!!
Danger donc, pour ce chien qui suscite aujourd’hui un grand intérêt auprès du grand public pour de mauvaises raisons (sa morphologie), le propulsant ces dernières années en tête des races à la mode. Qu’on ne s’étonne pas si dans 10 ans, le Malinois prend la tête du rapport d’enquête de l’InVS (Institut de Veille Sanitaire) – qui a classé en pourcentage les races les plus mordeuses* de ces dernières années – en remplaçant alors les actuels détenteurs du titre des plus mordeurs, j’ai nommé Berger Allemand et Labrador (10 et 9 %).
(A ce sujet, j’attire votre attention sur le fait que les données collectées sont celles que nous possédons : c’est-à-dire les morsures recensées à l’hôpital essentiellement. Le fait qu’une morsure de Berger Allemand, de Labrador ou de Jack Russel (dents et puissance de morsure impressionnantes) nécessite plus rapidement une prise en charge hospitalière aux urgences, que la morsure d’un Chihuahua, est évidente. Ces données sont donc à prendre pour ce qu’elles sont : des statistiques vis-à-vis de morsures déclarées. Quand bien même ce rapport est particulièrement sensé…)
Dans ce rapport d’enquête, « Berger Belge » apparait en 4ème position avec 3 % des morsures recensées, à égalité avec le Beauceron, le Border Collie, le Boxer, et le Rottweiler.
Qu’on ne s’étonne pas si dans 10 ans, le Malinois prend la tête du rapport d’enquête de l’InVS, en remplaçant ainsi le Berger Allemand et le Labrador comme chien le plus mordeur
Conclusions :
Le Berger Belge, dont fait parti le Malinois est un chien d’exception, oui. D’une intelligence et d’une beauté pure, il est à présent le chien le plus convoité, autant recherché comme chien d’utilité que pour son aspect.
Il est systématiquement mis en avant et ce sans tri aucun, arborant les couleurs des héros de la nation, médaille au poitrail. On le remercie d’être si brave, si protecteur, si efficace. On le remercie de donner sa vie pour la nôtre – et peu importe qu’il n’en ai pas vraiment conscience – … et on veut ÇA pour nos enfants. Pour notre famille, notre maison. Et nous replongeons dans un déjà-vu – post- Berger Allemand.
Malinois, victime de son succès dans sa branche, déclenche des « ohh » et des « haa », puis termine dans nos maisons où nous voulons de lui qu’il soit aussi bon gardien que bonne nourrice. Erreur.
Malinois est un chien d’exception, si vous lui permettez d’être exceptionnel. Or, ses attentes sont grandes.
Prenez sérieusement gare au choix de votre éleveur, et je rappelle que les lignées dites « de travail », ne sont absolument pas adaptées à une autre utilisation.
on le remercie d’être si brave, si protecteur, si efficace… et on veut ÇA pour nos enfants. Et nous replongeons dans un déjà-vu – post- Berger Allemand.
J’ajoute, bien qu’après lecture, ceci paraît une évidence, que le Malinois possède en lui un très fort besoin en Activité, avec un grand A. En plus d’un travail d’obéissance quotidien, Malinois veut se servir de sa tête (activité d’intelligence, discipline sportive…), user de ses hautes capacités motrices (courir dans les champs, sprinter…) ; et bien sûr mâchonner (bâtons, os…), jouer (avec vous, avec ses congénères, le chat …), rencontrer (ses congénères), marquer (à l’urine), défendre son territoire (aboyer, souvent) … et j’en passe bien entendu.
Humain sédentaire, passe ton chemin. Malinois veut que « ça bouge ».
Gare également au choix du sexe – voir « Mâles ou femelles, quelles différences et que choisir » – qui a toujours grande importance certes, mais plus encore si j’ose dire, sur ce type de chien.
Si naturellement le mâle a besoin de plus d’exercice, se montre plus bagarreur vis-à-vis de ses congénères, plus agressif d’une façon générale et plus territorial que la femelle, il est aussi plus enclin aux rapports de force avec son/ses humain(s) et plus difficile dans l’obéissance.
Mélangez tout ça au chien qu’est le Malinois… le résultat, lui, ne dépend… que de vous !
Bonne journée et bonne réflexion !
Standard de la race cliquez ici
NB : Cet article fait suite à « Pourquoi des fiches races ? La vérité sur les caractéristiques d’une race ».
Je vous invite également à lire la fiche Berger Allemand quand à la question des sports de mordant.
…et merci à SHACO (et ses humains) qui nous a prêté son image pour
cet article 😉