Un peu de littérature… et d’objectivité !
« Il demeure assis là au milieu de la route, de son air gauche et rustique, et me suit des yeux tout le long de la montée. Si je me retourne, il dresse l’oreille, mais sans me suivre.
Même si je l’appelais ou le sifflais, je sais qu’il ne viendrait pas, il sait que ce serait inutile.
Arrivé au terme de l’allée, je l’aperçois encore, petit point sombre, gauchement établi au milieu du chemin, et j’en ressens comme un coup de cœur, je monte en tram avec des remords.
Il a si longtemps attendu et l’on sait que l’attente est un tel supplice !
Toute sa vie n’est qu’attente – attente de la prochaine promenade dans les champs, et cette attente commence dès qu’il est reposé de sa dernière course.
La nuit aussi il attend, car son sommeil est réparti sur les vingt quatre heures du jour, et plus d’une courte sieste sur le tapis vert du jardin où le soleil lui chauffe le poil, ou derrière les rideaux de sa niche, l’aident à abréger les heures vides de la journée.
Ainsi le repos de ses nuits est lui aussi morcelé et sans unité, bien souvent il erre dans les ténèbres de la cour ou du jardin, il se couche n’importe où, et attend. »
Tiré de son ouvrage « Maître et chien », dans lequel il commente la relation qu’un homme a avec son chien, et le chien avec son homme.
Écrivain Allemand né en 1875, lauréat du Prix Nobel de littérature en 1929.
A lire : « Le jardin: attention au piège!!«