Staffordshire Terrier Americain… ou Amstaff l’incompris
Origine : USA
Groupe : 3, section 3 (Terriers type Bull)
Nombre d’inscriptions au Lof en 2015: 9153
Particularité : Mal aimé !
Réservé à : Maîtres conscients et en règles, débutants acceptés dans le cadre d’une prise en charge adapté.
Pauvre chien que notre ami Amstaff ! Robuste, courageux, sensible, joueur, extrêmement intelligent… Américan Staff « l’inconnu médiatique » est un vrai paradoxe. Lumière.
D’où vient-il ?
Anciennement chien dévoué aux combats – et je dis bien anciennement – le staff américain fut créé au 19ème siècle, en Angleterre. Issu de croisements de différents Bulldogs et Terriers, son utilité était simple : divertir la populace de combats sanguinolents, toujours plus violents et grandioses, de chiens contre des chiens, de chiens contre des lions, des ours… bref, tout ce qu’on trouve. L’Ami Staff se devait d’être toujours plus robuste, plus hardi, plus combattant.
L’interdiction de ces combats en 1835 fit d’abord de lui un clandestin, pour progressivement s’importer aux États-Unis qui l’introduit parmi ses propres chiens de combats : les « Pit-Bulls ». Dans ces années-là, « Pit-Bull » désignait tous ces types de chiens massifs utilisés pour les combats. Littéralement, « Pit » signifie « fosse » ; lieu où se déroulaient ces magiques divertissements.
Puis Amstaff fait son chemin, la race évolue… et ce n’est finalement qu’en 1975 que l’American Kennel Club (AKC) le reconnait officiellement. En France, les 1ers sujets apparaitront en 1987, sous son actuelle dénomination : Staffordshire Terrier American.
Relativement chanceux à cet instant, le développement de ce chien sera mis entre les mains de passionnés, qui n’auront depuis lors qu’un seul but : faire connaitre ce chien magnifique au tempérament exceptionnel et éviter les dérives et reproductions sauvages responsables, comme dans toutes les races, de sujets malsains faisant tort à la sienne.
Et c’est là que le bât blesse. American Staff n’est pas de ces chiens dont les lignées sont « abîmées ». Il n’est pas un de ces chiens dont, faute de mauvais éleveurs et de la mode, le caractère se révèle instable, tels que le Berger Blanc Suisse ou bien plus encore le Berger Allemand. Non, la seule et unique plaie de l’ami Amstaff, c’est d’avoir plu à de mauvais acheteurs, qui, intéressés par son reflet ont cru pouvoir utiliser sa force. Et de ces pauvres chiens, victimes de mauvais maitres, de voir ternir leur image pour le plus grand plaisir des médias qui, forts de scandales, ne sont pas sans rappeler les spectateurs des combats des bas-quartiers anglais, ou des fosses américaines.
L’impact de la loi
La loi de janvier 99, si elle est contestable, a finalement permis une forme de réhabilitation à notre ami Amstaff. S’il est trop tôt pour tirer conclusion de sa mise en place (des études sont en cours), quelques éléments, quelques pistes laissent à penser que pour notre puissant compagnon, ce fût plutôt bénéfique.
Pour rappel, un American Staff inscrit au LOF est listé en catégorie 2.
Un « American Staff » non inscrit – donc sans aucune histoire ni ascendant connu* – est listé en catégorie 1. Ces chiens doivent présenter en plus des autres documents communs aux deux catégories, un certificat de stérilisation, empêchant toute reproduction.
*C’est-à-dire que votre Amstaff n’en est pas un ; il sera considéré comme un « chien dont l’aspect est assimilable au Staffordshire terrier » (appellation pré-1975), soit « Pitbull ».
Sont interdit d’acquisition (pour les deux catégories) les maitres mineurs, sous tutelle, ayant déjà été puni pour maltraitance animale, ou tout détenteur d’un casier judiciaire inscrit au bulletin numéro 2 – ce qui englobe la plupart des condamnations et décisions de justice, à quelques exceptions près.
Et nous d’en conclure que finalement, peut-être – et quand bien même ces restrictions soient réfutables dans l’idée et pour tous les bons maitres – elles ont profité à ce chien en le rendant aux mains de gens responsables et réfléchis.
la seule et unique plaie de l’ami Amstaff, c’est d’avoir plu à de mauvais acheteurs, qui, intéressés par son reflet ont cru pouvoir utiliser sa force.
Car American Staff voit sa population en constante hausse : 1428 inscrits en 1998, 5926 en 2006, et 9953 en 2015. Point de tort à son image, et les statistiques de l’Institut de Veille Sanitaire (IVS) de le confirmer : l’ami Staff Américain n’est même pas répertorié dans les races de chiens les plus mordeuses au cours de l’année 2015. Les chiens de type « Pitbulls » se retrouve en 5ème et dernière position avec seulement 2% des morsures, au milieu des Cockers et des Yorkshires (la 1ère place revenant au Berger Allemand avec 10% suivit de près par le Labrador avec 9%).
Retiré donc des griffes des gens malfaisant, il s’est vu prendre le chemin des vacances. Retour direct dans les cases des humains passionnés ! Il peut aujourd’hui vaquer à ses occupations favorites : jouer, courir, dormir sur le canapé… et aimer sa famille.
NB: Si ceci ne concerne en rien la loi contre les chiens dangereux, je rappelle qu’il est interdit de faire couper les oreilles de votre compagnon. A l’origine utile pour limiter les blessures dans les arènes de combats, ce n’est plus du tout nécessaire, mais cruel. Cette « opération », encore pratiqué illégalement ou à l’étranger, n’est ni plus ni moins qu’une double amputation. Aussi l’absence d’oreilles, associé à la face assez lisse de l’ami Staff, met votre chien en difficulté vis-à-vis de ses congénères: les chiens s’exprimant avec leur corps (dont les oreilles), ces amputations l’empêche souvent de répondre correctement lors d’une interaction. Bien des comportements agressifs proviennent de ce type d’intervention et faciès déformés par la sélection.American Staff, chien de famille ?
Pour toutes ces raisons, et bien qu’il ait aujourd’hui le vent en poupe, notre ami staff fait encore et toujours l’objet de grands débats, de grandes mises en gardes fallacieuses et pour certains, de grands frissons. L’ami Staff n’a vraisemblablement pas la gueule de l’emploi, et cela est bien dommage.
Car lorsque vous le connaitrez, vous ne verrai plus qu’une seule chose : sa bouille de gentil clown, joyeux et loyal. Adieu images de monstre sauvages et cruels… Amstaff le nounours sait séduire, et pour cause.
Aujourd’hui, American Staff est élevé pour la compagnie, dans la majeure partie des cas. Si vous voulez un vrai chien de garde, prenez un Berger Allemand, ou un Malinois. Sachez que l’American Staffordshire Terrier n’est pas autorisé à pratiquer des sports de mordant, contrairement à nos deux compères du groupe 1 !
A contrario, Amstaff excelle en agility (eh oui ! son corps est peut-être compact, mais il est très agile et très athlétique, contrairement au Bouledogue par exemple), en canicross, en flyball… autant de disciplines totalement en accord avec une vie de famille.
Bien sûr, il possède des aptitudes naturelles à la garde. Faisant preuve de bien moins de méfiance que nos deux susmentionnés BA et Malinois, vous aurez tout de même à bien le socialiser – avec les humains comme avec ses congénères ; car il est vrai qu’il se montre assez dominant avec les individus du même sexe que lui. C’est là d’ailleurs sans aucun doute son seul point faible, conditionné du reste essentiellement par la peur : la peur de son humain qu’il ne blesse un autre chien, la peur de l’autre humain face à ce gros gabarit, la peur tout court d’être pointé du doigt à la première bagarre, l’obligation de port de la muselière coupant Amstaff du reste de ses congénères…
Son côté terrier le rend relativement « bourrique », aussi une éducation adéquate doit être mise en place aussitôt qu’il arrive à la maison ; d’autant qu’il n’est pas facile de ne pas céder devant sa bouille de bébé tout rond. Et parce qu’il est fort, aucune éducation violente ne sera tolérée : vous pouvez vous faire comprendre sans entrer dans un rapport de force.
De même que vous aurez à lui apprendre un parfait contrôle de la morsure, comme à tous chiens puissants. Les jeux de tractions et les mordillements sont interdits, du moins jusqu’à parfait contrôle.
Amstaff est excessivement intelligent, et douillet. Comme il n’a pas de sous-poil, il est généralement sensible à la pluie, au froid…. Bien loin de l’arène, l’ami Amstaff appréciera un couchage chaleureux au coin du feu, des serviettes sèches et le réconfort de gros câlins. Car notre bonhomme, en bon « molosse de maison », se montre d’une nature très proche de l’homme, très confiant, très tendre.
Et c’est là une de ces spécificités : Amstaff est un très joyeux mélange entre chien actif … et loulou d’intérieur. Car ne vous y méprenez pas : Américan Staff est un chien très sportif – et cela est dessiné sur son corps – il aura besoin de minimum 2 à 3 heures d’activité quotidienne, avant de se prélasser sur le tapis.
En conclusion
Eh bien vous l’aurez compris, Au poil dans mes pattes affectionne particulièrement l’ami Amstaff. Son ancien job ne fait plus du tout parti de lui – dans la mesure où tout est fait pour qu’il grandisse sans heurt – et je rappelle, grand bien nous fasse, que l’amour ne suffit pas. S’il est compris et respecté, American Staff pourra – et ce n’est pas fréquent – sans aucun doute être l’emblème du chien familial.
Vous devez être présent et du type sportif. Conscient de vos obligations en tant que responsable de votre compagnon, mais aussi d’un point de vu législation. Pour avertissement, l’ensemble des formalités que vous aurez à suivre suite à l’acquisition de votre Staff Américain est coûteux (formation des maitres autours des 200 euros, évaluation comportementale autours des 150 euros, assurance responsabilité civile, éducation du loulou, vaccins anti-rabique et stérilisation pour les chiens de catégorie 1 (environ 300 euros), et je rappelle que vous encourez jusqu’à 3 mois d’emprisonnement et 3811 euros d’amande en cas de détention illégale. Le port obligatoire de la muselière et de la laisse sont aussi des mesures pénibles auxquelles il faut bien réfléchir.
Côté santé, le Staff Américain – bien qu’il en possède un capital assez génial – fait parti des races à haut risque de développer une ataxie cérébelleuse; une maladie héréditaire se traduisant par une dégénérescence du système nerveux, affectant la motricité. Il est aussi sujet aux dysplasies des coudes et des hanches. Là encore, un bon éleveur permettra de limiter les risques.
Vous aurez à lui offrir parfait développement (pas toujours facile dans ces conditions), quitte à vous faire aider, et à commencer par sélectionner un élevage reconnu, passionné et compétent. Ne lésinez pas sur son éducation : il est massif, têtu et plein d’énergie !
Prenez gare au choix du sexe, par rapport à vous et par rapport à votre foyer et mode de vie. Peu de différences notoires entre mâles et femelles chez lui y compris au niveau de la taille (46 à 48 cm pour le mâle contre 43 à 46 cm pour la femelle); mais un mâle reste plus bagarreur d’une façon générale. Une parfaite connaissance des interactions canines vous seront dans les deux cas fort utiles.
Et pour le reste… en route pour l’aventure !
Bonne réflexion 😉