Mâle ou femelle, quelle différence et que choisir ?
En plus du choix de la race – choix des plus complexes réclamant une attention toute particulière concernant les aptitudes de chacune des races sélectionnées, la cohérence des besoins associés avec notre propre mode de vie, le niveau d’Activité que chacune de ces races réclame, notre expérience auprès d’eux…. le choix du sexe est un paramètre essentiel.
Dimorphisme sexuel
Le dimorphisme sexuel est décrit comme l’ensemble des différences morphologiques, physiologiques et comportementales observables entres les individus mâles et les individus femelles chez une même espèce, ou chez une même race chez nos chiens.
D’un point de vue morphologique, mâles et femelles peuvent se distinguer par la taille (les moineaux, les mantes, les araignées etc. ont une femelle plus grande – voire beaucoup plus grande – que le mâle), la couleur de la robe, la longueur d’un bec, la présence ou l’absence de bois ou de cornes… bref, autant de bizarrerie utiles que la nature a bien pensé.
Le dimorphisme sexuel est à l’origine de mécanismes essentiels à la protection de l’espèce. Un rempart contre les agressions (en s’annonçant soi-même comme jeune ou femelle), la sélection sexuelle ou l’investissement parental… sont autant de bonnes raisons de s’identifier clairement femelle, juvénile ou mâle. Si de nos jours, l’égalité hommes-femmes est reconnu aussi bien au travail dans un rôle sociétal qu’au foyer dans un rôle familial, nos animaux ne s’occupent pas de l’aspect idéologique du concept et restent chacun, bien cantonnés à leurs fonctions biologiques.
Chez beaucoup d’espèces et également chez nos chiens, c’est la femelle qui choisi de s’accoupler – ou pas – à tel ou tel mâle. Le mâle lui, n’a aucune raison de refuser de propager ses gènes, puisqu’il n’en a pas la garde absolue; l’enjeu est différent pour lui. Dans cette position, c’est donc au mâle de se parer des meilleurs atours et atouts, afin d’attirer l’attention des femelles disponibles. Le cerf choisira d’exhiber de grands bois ou le lion d’une crinière imposante (dimorphisme sexuel morphologique), le poisson globe dessinera à sa belle d’étonnants crop-circles, lui proposant ainsi un joli nid (dimorphisme sexuel comportemental) etc.
Chez nos chers canidés, le dimorphisme sexuel – peu présent en comparaison avec d’autres espèces – est plus ou moins marqué en fonction des races.
Sur le plan morphologique
En premier lieu et pour aller au plus simple, les mâles sont dans l’ensemble plus grands, et avec une musculature plus importante que les femelles. Si vous faîtes l’acquisition d’un Chihuahua (dont le standard mentionne un poids entre 1 et 3 kilos quel que soit le genre), cela n’a guère d’importance certes, mais si votre cœur balance pour le Cane Corso (40 à 45 kilos pour les femelles contres 60 à 64 kilos pour les mâles), ou le Berger Allemand (22 à 32 kilos pour la femelle contre 30 à 40 kilos pour le mâle), vous sentirez vite la différence.
Car qui dit musculature importante dit entrainement – et donc Activité – à sa mesure!
Sur le plan physiologique
Si le chien mâle, dès sa puberté soit dès l’activation de ses hormones sexuelles, est toujours « prêt » – dans le sens que son comportement sexuel peut être activé via les hormones femelles à tout moment – la femelle elle, a un comportement sexuel dépendant de ses hormones, activées de façon cycliques.
Selon un facteur racial et génétique, la chienne déclenchera dès sa puberté un à trois cycles dans l’année. Certaines races comme le Berger Allemand ou le Rottweiler pourront avoir des chaleurs tous les 5 à 6 mois de façon régulière, tandis que d’autres, comme le Basenji, devront attendre 12 mois pour un nouveau cycle.
Les chaleurs – qui mériteraient un article complet – et toutes les complications potentielles associées à elles, sont des paramètres sensiblement importants dans la décision d’acquérir une femelle, tout comme la stérilisation.
Pendant ces chaleurs qui durent environs 3 semaines, la vulve gonfle, la chienne perd du sang de façon plus ou moins abondante en fonction de la phase de son cycle, et subit des modifications hormonales importantes. Elle développera alors des particularités dimorphiques comportementales directement liées à cette production hormonale (marquages, agressions pour repousser les prétendants, auto-stimulation, fugues en recherche du prince charmant…), qui s’estomperont ou disparaitront en fin de cycle pour réapparaitre au suivant, contrairement du coup au mâle, qui manifestera potentiellement ces comportements à tout moment de l’année.
Sur le plan éthologique / comportemental
Certaines études ont montrées que les femelles sont statistiquement plus souvent touchées par les phobies que les mâles. Cette faiblesse en ferai parallèlement des compagnes plus « proches », si l’on peut dire, de leurs humains.
Elle sauront se révéler bonnes gardiennes – pour les races dont on a développés ces aptitudes – avec la différence qu’elles ont plutôt tendance à alerter (aboiements) qu’à entreprendre, face à l’étranger qui s’approcherait du territoire familial.
Des enquêtes (Hart, 1985) auprès des professionnels de santé vétérinaire ont démontrées que les femelles sont plus faciles à éduquer, manifestent une plus grande docilité à l’obéissance, et réclament plus de tendresse et d’affection. Elles feraient alors de meilleures compagnes pour les enfants que les individus du sexe opposé.
Au sujet des mâles, la même enquête a révélé un plus grand besoin en activité, un plus grand penchant pour le jeu et un comportement de défense territoriale plus marqué. Ils sont également plus susceptibles d’entrer en conflit (rapport de force) avec leur(s) humain(s), et plus enclins aux agressions -notamment compétitives entre individus du même sexe – sur leurs congénères, d’une façon générale.
Plus précisément, les mâles sont plus agressifs que les femelles, les mâles entiers plus agressifs que les mâles castrés, et les femelles castrées plus agressives que les femelles entières (en dehors des agressions compétitives entre chiennes déclenchées par les chaleurs).
Contrairement aux idées reçues, le marquage urinaire est à égalité entre mâles et femelles. Les femelles lèvent par contre généralement la patte moins haut que les mâles, et ce comportement peut-être cyclique.
Évidemment je le rappelle, toutes ces différences sont indicatives, et vous pouvez très bien avoir à vos côté un mâle phobique, peu bagarreur et très câlin ou une femelle très proactive et solitaire. Aucune étude, aucune observation ne fait jamais l’unanimité; c’est la raison du plus grand nombre qui est avancée et c’est là un outil pour le demandeur, de s’enquérir des meilleurs chances – statistiquement parlant – d’adopter un sujet qui lui corresponde.
Qui plus est, si la génétique prend une place importante dans le caractère de votre chien, l’éducation et les expériences seront largement déterminantes dans le devenir de votre futur compagnon.
Quel sexe pour soi-même?
Il apparait encore fréquent de croire que lorsqu’on est soi-même une femme, il nous faudrait adopter un mâle, et inversement lorsqu’on est un homme.
Nos chiens sont conscients de notre genre. Socialisés à notre espèce, ils sont capables de percevoir notre statut sexuel, via la présence d’hormones imperceptibles pour nous – mais seulement pour nous – jusqu’à connaitre notre propre stade d’ovulation. Nos chiens savent donc si nous sommes nous-même femelle, mâle ou un juvénile.
Penser alors qu’une femme doit adopter un chien mâle et inversement pour les hommes, suggère qu’une adoption réussie serait dépendante du couple sexuel ou parental que le duo formerai.
En ce sens je vous rassure, nul besoin de jouer au papa et à la maman avec votre compagnon à poil: vous n’avez besoin à aucun moment d’être perçu comme la moitié de votre chien, bien au contraire. Certes, un toutou du sexe opposé peut vous faire les yeux doux pour sa tailler la part du lion, mais c’est là un cas bien spécifique… et peu conseillé. Votre chien n’a pas besoin de vous voir comme un partenaire potentiel pour vous aimer !
Le choix du sexe vis-à-vis de vous, concerne plus vos souhaits quand à la relation espérée, ainsi que le caractère que vous avez.
Statistiquement, les femmes seraient– et ce malgré la vision philosophique de chacun – généralement plus portées sur l’émotion et l’empathie que les hommes. Qui sait, c’est peut-être là la raison pour laquelle j’ai plus de clientes, que de clients, et qu’il y aujourd’hui bien plus de femmes que d’homme comportementaliste animalier.
En résulte une attente différente de la nature de la relation homme-chien selon si l’on est une femme ou un homme.
Les études révèlent que les femmes ont plus tendance à vouloir un chien pour le rôle social et sentimental que celui-ci apportera à sa vie, tandis que les hommes semblent apprécier le chien pour les activités et la compagnie de celui-ci.
Encore une fois, tout ceci n’est que le résultats d’enquêtes et sont donc des généralités. Je suis moi-même une femme, et apprécie mes chiens pour les activités et la compagnie!
Conclusions
Le choix du sexe, lorsque l’on souhaite faire l’acquisition d’un chiot, sera tout aussi important que celui de la race. Lorsque vous optez pour l’adoption d’un chien adulte, c’est son caractère qui devrait être prioritaire: tous les mâles, et toutes les femelles ne sont pas tels qu’ils ont été décrit plus haut!
La composition de votre groupe social actuel sera un élément important dans votre prise de décision. Si vous avez choisi d’adopter un chiot et que vous avez déjà un toutou à la maison, préférez globalement rester sur le même sexe que celui déjà présent. Vous éviterez ainsi trop de conflits compétitifs liés à la sexualité entre vos chiens et ceux que vous croiserez en balade ou chez des tiers. Si vous optez pour l’adoption d’un adulte, c’est la compatibilité des caractères et la sociabilité qui devront vous motiver. Et si malgré cela, vous avez des doutes quant aux aptitudes de vos chiens à accueillir un nouveau membre, n’hésitez pas à consulter!
A bientôt !
Pour vous aider dans le choix d’une race, je met à votre disposition des fiches races. Quoi qu’il en soit, je vous invite à lire cet article: « Pourquoi des fiches races, ou la vérité sur les caractéristiques d’une race » ainsi que « Mythe et réalité sur le choix d’une race, ou comment biologie et activité sont trop souvent oubliés »; réflexion et avertissement quant aux caractéristiques avancées de façon récurrentes, avant toute recherche sur le web.
voir l’article : « Mythe et réalité sur le choix d’une race, ou comment biologie et activité sont trop souvent oubliées »
Références: Publication Science et Avenir Par Ronan Dayon du 01.12.2014 , Wikipédia « sélection sexuelle » et « dimorphisme sexuel », Universalis.fr article »dimorphisme », « Le cycle sexuel de la chienne » pour la SCC par les Dr Xavier LEVY et Dr Philippe MIMOUNI du Centre de Reproduction des Carnivores du Sud-ouest (CRECS), Borchelt (1983), Hart (1985), J.Dehasse « tout sur la psychologie du chien », Bamberger et Houpt (2006) sur la thèse « Les peurs chez le chien; origines, diagnostic et traitement » par Célina SCHELFOUT